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MES HéROS

Comme tout le monde, mon univers est truffé de héros. De temps à autre, je vous en entretiendrai. J’ai l’air de rien, comme ça, mais il y a quelques personnes que j’admire et qui bien souvent, l’ignorent.

Il y a Henri Tranquille. Connaissez-vous ce vieux libraire qui a conseillé les lectures de milliers d’étudiants montréalais et qui a aussi encouragé l’art contemporain en acceptant d’exposer les œuvres de Marcelle Ferron ou de Jean-Paul Riopelle au-dessus de ses tablettes de livres? Ce mécène qui a été le premier à soutenir le Refus Global?

Ce libraire nous faisait découvrir des auteurs québécois qui sans lui, n’auraient jamais connu leur heure de gloire : Gérard Bessette, Hubert Aquin, Gaston Miron. On est loin des vendeurs de livres de chez Renaud-Bray qui distribuent les coups de cœur comme on jetait des pièces d’or aux pauvres manants des siècles passés. Henri Tranquille vit toujours à Lachine, dans son appartement privé, fier de ses 85 ans. Nous correspondons de temps à autre. J’aime cet homme qui ne s’éteindra jamais. Il m’écrivait dernièrement encore :
« Votre fougue d’éternelle jeunesse et votre charme aussi convainquant que vos arguments, fonceuse Francine Allard, allient la juste défense de vos livres à celle de valables symboles de la culture. Des vos initiatives féeriques vous faites des chevaux de bataille vers des victoires crues irréalisables. Mais sait-on jamais ce que persévérance et subtilité peuvent construire de monumental! Ou de miraculeux comme une section Henri Tranquille dans une imposante librairie (NDA : j’avais suggéré à Pierre Renaud de nommer une salle de sa librairie centre-ville : la salle Henri-Tranquille afin de mettre fin à de vieilles querelles entre les deux hommes). L’imagination créatrice est rarement ridicule et ses originalités rarement excentriques… tout à fait. En tout cas, je vous sais gré d’avoir ainsi rêvé. «Vieillesse déplorant de frôler autrement attendris sentiments d’un lecteur persistant!», termine-t-il une de ses lettres.
Chanceuse, me direz-vous, d’entretenir une correspondance avec Henri Tranquille? Oui, je vous l’accorde. J’aime cet homme et je viens de penser que je ne lui ai rien écrit depuis des mois. Avec lui, j’ai l’impression d’entretenir des relations épistolaires comme il en existait au XVIIIème siècle car avec M. Tranquille, rien n’est dit de façon ordinaire. Tout devient anthologie. Tout devient admiration. Et ça fait du bien.
« Quant à Claude Léveillée, m’écrivait Henri Tranquille le 14 septembre 2000, ce chanteur-compositeur est à la perfection le lyrisme éblouissant par l’ambiance que répandent ses mots pour sa musique et sa musique pour ses mots. À lui seul homme-orchestre, il est un riche concert dominé pas sa voix à la fois confidentielle pour chacun et universelle pour tous. Aucun autre chanteur-chansonnier n'est communicatif avec autant de qualité ni envoûtant avec tant de tendresse. J’admire sans réserve cet homme au piano qui chante le romantisme éternel en une Harmonie presque de grandes orgues.»
Vous voyez ce que je vous disais.


Ce texte est protégé par les droits d'auteur et n'engage que l'opinion de Francine Allard.
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